Texte :
Bien me plaît la belle saison d’été
Et le chant des oiseaux me fait
plaisir
Et la feuille me plaît, et le
rameau,
Et les vertes prairies me sont
agrément ;
Et vous, dame, vous me plaisez mille fois plus,
Et j’aime à faire vos commandements ;
Mais il ne vous plaît pas de rien daigner m’accorder :
Il vous plaît que je meure de
désir.
C’est par un désir, dame, que je
revis,
Il est pour moi le plus grand des
désirs :
J’ai pour désir que le riche
bonheur
De votre cœur, que je désire, m’accueille,
Car mon désir redouble à embrasser ;
Puisque je suis tout désir sans tricher,
Ne me laissez pas tuer par le désir,
Quand on désire, on doit jouir d’amour.
J’évite toute jouissance d’un
autre amour,
Mais quant à vous, c’est ce que je
cherche,
Je jouis des biens et cache les
dommages
Venant de vous, qui me faites
joyeux et pensif ;
Je suis si joyeux par vous que nulle peine
Ne m’enlève la joie : vos beaux traits me sont
Joie ; le jour où je vous contemple,
Comment serais-je sans joie, où que je me tourne ?
Raimon de Miraval (XIIIe-XIVe)